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Airbnb veut inciter les propriétaires à rénover leur logement
05 Octobre 2022

Chaque hôte pourra toucher jusqu'à 2200 euros pour des travaux de rénovation énergétique que la loi n'impose pas aux propriétaires de meublés touristiques.

Verdir les logements à marche forcée est louable. Encore faut-il que les propriétaires en aient les moyens. Surtout s'il s'agit, comme le souhaite le gouvernement, de rénovations globales dont le coût est estimé à 40.000 euros par logement. Problème: les aides que propose l'exécutif ne sont pas calibrées pour des travaux aussi ambitieux. D'où l'urgence d'insérer dans la boucle des acteurs privés. Airbnb s'est donc associé avec Effy, spécialiste de la rénovation énergétique, pour donner un coup de pouce aux hôtes de locations touristiques.

Chaque propriétaire peut espérer toucher, quel que soit le montant des travaux, entre 1000 et 2200 euros par logement, sans limite de types de travaux (isolation pompe à chaleur, panneaux solaires...). L'aide vient s'ajouter à Ma Prime Rénov' et aux primes versées par un spécialiste de la rénovation énergétique. Sébastien, qui vit dans une maison de 150 m²au Mans (72), va bénéficier de cette prime Airbnb. Ce cadre de 39 ans envisage d'installer une nouvelle pompe à chaleur et d'isoler les murs par l'extérieur. Les travaux vont lui coûter un peu moins de 20.000 euros. Une fois les aides déduites, le coût s'élève à environ 12.000 euros qu'il va débourser grâce à un crédit. Une somme loin d'être négligeable. «Cela fait plusieurs années que je voulais faire ces travaux. Par ailleurs, la facture d'électricité devient de plus en plus élevée», témoigne Sébastien qui loue une chambre de sa résidence principale. «Cette aide est très efficace: les aides sont déduites immédiatement et je n'ai aucune démarche à faire», se réjouit-il. Des sacrés atouts alors que l'accompagnement est très critiqué pour Ma Prime Rénov'.

Reste à savoir toutefois si le reste-à-charge élevé ne dissuadera pas les propriétaires. Pour l'isolation des murs extérieurs d'une maison de 100 m² (15.000 euros estimés), un ménage issu de la classe moyenne devra débourser 8300 euros, selon Effy. Pour installer une pompe à chaleur air-eau, ce même ménage aura à payer 5785 euros pour des travaux qui leur coûtent plus de 13.000 euros. Des restes à charge loin d'être négligeables à l'heure où l'inflation pèse lourd dans les budgets des Français.

Surtout, en cumulé, les propriétaires devront débourser 14.000 euros pour des travaux de rénovation - qui n'est pas globale - qui leur coûteront 28.000 euros. En supposant que leur facture baisse de 50%, ils ne dépenseront plus «que» 800 euros par an (la facture énergétique s'élève en moyenne à 1600 euros par an). Les propriétaires devront donc attendre 17,5 ans (!) pour que leurs travaux soient rentabilisés. «La performance énergétique permet de réduire la facture des ménages et d'améliorer la valeur patrimoniale de votre logement tout en améliorant votre confort», rétorque Frédéric Utzmann, président d'Effy.

Vendre ou louer sur Airbnb?

L'effort de pédagogie sera d'autant plus nécessaire que la loi n'oblige pas les propriétaires de locations touristiques à rénover leur logement s'il est énergivore. C'est le gouvernement lui-même qui le dit: les meublés touristiques ne sont pas soumis à l'obligation de rénovation dans le cas d'un logement très énergivore. «Ces logements sont loués de manière ponctuelle et ne mettent pas leurs locataires en situation de précarité énergétique», affirme le ministère chargé du Logement dans une réponse publiée en avril 2022. Bref, Airbnb pourrait devenir le refuge des passoires thermiques.

Ce qui laisse craindre une raréfaction des logements loués sur la longue durée. Pas de risque, selon le gouvernement, qui souligne que les propriétaires de passoires thermiques préfèrent les vendre plutôt que les louer sur Airbnb, Abritel ou Booking. Un constat partagé par le dernier sondage publié par la Fédération nationale de l'immobilier. Pour l'heure, l'exécutif n'envisage donc pas de modifier la loi mais reste «très attentif au maintien d'une offre locative équilibrée notamment dans les zones tendues et les secteurs concernés par une forte activité touristique».

Source : Lefigaro.fr

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